Pourquoi faire appel à un·e photographe professionnel·le ?

Tout le monde prend des photos. La qualité d'image des smartphones est devenue excellente (pour leur format), tout comme celle des appareils photos entrée de gamme. De nombreux·ses amateur·es produisent des images de grande qualité. À ce stade, quelle est la place d'un·e photographe professionnel·le ?

Quelqu'un·e qui prend une photo au smartphone

En 2025, (presque) tout le monde a un smartphone dans sa poche. Depuis le lancement de l'Iphone par Apple en 2007, cet objet multifonctions est devenu quasi incontournable, permettant à tout le monde faire des photos, rapidement et facilement. La qualité globale des appareils photos « classiques » est elle aussi montée d'un sacré cran, donnant la possibilité de faire des belles images même avec un appareil peu onéreux. En parallèle, on trouve sur les réseaux sociaux notamment de nombreux·ses amateur·es qui partagent des photos très travaillées et qualitatives. Ainsi peut-on se poser cette question légitime : quelle place reste-t-il aux photographes professionnel.les ?

Le smartphone, ou la photo pour tous·tes

Depuis les années 80 avec l'apparition du premier appareil photo jetable – à pellicule – la photographie est devenue une pratique répandue et populaire. À l'avènement au début des années 2000 de l'appareil photo numérique compact, la pratique de la photographie est devenue encore plus accessible : plus besoin de compter ses poses et de faire développer ses films, le numérique permet de prendre plus de photos et plus facilement. De nombreuses personnes investissent dans un petit appareil qui leur permet de prendre des images de leur famille, ami·es, vacances, etc. Il existait déjà au même moment des téléphones équipés d'une fonction photo, mais la qualité était si mauvaise qu'investir dans un appareil photo dédié restait la meilleure option.

Mais l'essor des smartphones au début des années 2010 rebat les cartes : comme (presque) tout le monde a un téléphone dans sa poche, (presque) tout le monde peut aussi prendre des photos ! Et si la qualité des images était discutable au début, les smartphones atteignent autour des années 2020 des performances qui dépassent largement celles d'un appareil photo compact entrée de gamme. Résultat : la pratique de la photographie au smartphone explose, bien portée par le développement en parallèle des réseaux sociaux, tandis que les ventes d'appareils photo compact chutent.

Aujourd'hui, le smartphone reste l'appareil photo le plus utilisé dans le monde. Les amateur·es de photo et les professionnel·les continuent cependant d'utiliser du matériel dédié, car même si les smartphones proposent une qualité d'image impressionnante (bien aidée par un traitement logiciel poussé, maintenant assisté par intelligence artificielle), leurs images restent à des années lumières de celles d'un appareil photo milieu/haut de gamme.

Quelle place pour les photographes professionnel·les ?

La démocratisation du smartphone et la montée en qualité conjointe des appareils photos a rendu beaucoup plus accessible la capacité à faire des photos qui soient techniquement réussies : il n'est plus nécessaire d'avoir une connaissance technique spécifique et de l'expérience faire des photos nettes, bien exposées, aux couleurs justes. Cependant, même le meilleur smartphone restera très loin en termes de qualité d'image d'un appareil photo professionnel : la miniaturisation du capteur et de l'optique posent des limites physiques dont ne s’embarrassent pas un boitier dédié – au prix d'un encombrement et d'un poids bien plus élevés. Si les images peuvent faire illusion pour un œil non averti sur l'écran d'un téléphone, les différences sautent au yeux en plein écran, et a fortiori si on choisi de tirer sur papier les photos. Ce n'est donc pas pour rien que les professionnel·les utilisent du matériel lourd et encombrant : c'est aussi celui qui permet la plus grande polyvalence et la meilleur qualité d'image.

Ceci étant dit, la question du matériel, reste, au fond, la moins importante : si un boitier professionnel élargit les possibilités de prise de vue et de résultat final, un appareil photo reste un outil utilisé par une personne qui a un regard, une sensibilité et une expérience.
Moi qui ne sait pas jouer du piano (à mon grand regret!), même si l'on me donne le meilleur piano du monde, le résultat sera catastrophique. Apprendre à jouer de cet instrument, c'est travailler des heures par semaine pendant plusieurs années pour maîtriser son outil, et potentiellement, un jour, atteindre ses limites. Malgré le cliché professant qu'il « suffit d'appuyer sur un bouton » en photographie, la réalité de cet outil est très similaire à celle de l'apprentissage d'un instrument de musique : il faut travailler des années pour construire sa sensibilité, son regard, et bien sûr maîtriser son outil.
Sans rentrer en détail dans ce qui fait une « photo réussie » - critère grandement subjectif – le plus important en photographie se passe justement avant « d'appuyer sur le bouton » : le choix du sujet, du cadrage, l'utilisation de la lumière, le choix des réglages, etc. Ce sont tous ces choix qui vont construire une image, et la question du matériel va simplement venir y poser des limites plus ou moins flexibles.

Au delà de l'expertise esthétique et technique acquise au fil des années, un autre paramètre primordial justifie de faire appel à un·e photographe professionnel·le : la distance – ou pour le dire d'une manière moins abrupte, la prise de recul. Quand on est photographe professionnel·le, on travaille le plus souvent avec des personnes que l'on ne connait pas, ou du moins pas intimement. Cette « distance » avec le/la client·e permet d'avoir un regard neuf sur ses attentes, et donc de pouvoir y répondre de la manière la plus juste possible. Au delà des compétences qui sont spécifiques à chaque métier, de nombreuses professions reposent sur ce principe d'une distance nécessaire pour bien travailler.
Pour donner un exemple concret en photographie : dans le cadre d'un mariage, si vous demandez à un·e proche de prendre des photos, il est possible que soit cette personne ne profite pas de ce moment, soit qu'elle ne le couvre que partiellement. Vous l'avez déjà remarqué si vous avez déjà travaillé avec un·e photographe professionnel·le : le ou la photographe court partout – de manière discrète, si possible – pour ne rien rater et vous offrir une série de photos qui soit à la hauteur du moment que vous, vous avez vécu pleinement.
En dehors de mon métier, je prend systématiquement un appareil photo avec moi quand je vais voir mes proches, car j'apprécie particulièrement d'avoir des images des moments que l'on partage ensemble. Mais je prend peu de photos, car la position de photographe me mets à distance du moment présent : j'essayer donc de trouver un équilibre entre profiter de leur présence et ramener quelques souvenirs photographiques.

Plaisir commun, démarche différente

En somme, qu'est-ce-qui différencie un·e photographe amateur·e d'un·e professionnel·e ? Techniquement, l'un·e fait des photos pour le plaisir, tandis que le/la professionnel·e le fait pour le plaisir et pour gagner sa vie (et paye donc une assurance, des charges fixes, cotisations, etc – mais c'est un autre sujet) ! Certain·es photographes amateur·e produisent un travail de grande qualité, car même s'il n'y a pas de rémunération, iels passent des années à construire leur regard et maitriser leur outil, tous comme les professionnel·les. Ce qui les lie, c'est donc le plaisir de prendre des photos – et c'est le plus important.

Alors, pourquoi faire appel à un·e photographe professionnel·le ? Prenons un autre domaine en exemple : la mécanique vélo. Avec quelques tutoriels et en apprenant auprès des bonnes personnes, il est possible de devenir autonome dans la réparation de son vélo. Alors, à quoi servent celles et ceux dont c'est le métier ? La réponse est simple : iels seront capables de travailler sur tous types de vélos – pas uniquement le leur – et effectueront le travail de manière plus rapide et avec un résultat régulier. Autre exemple : alors qu'il devient de plus en plus populaire de faire son pain, le schéma est le même : le/la boulanger·gère sera capable de produire une variété de pains étendue, rapidement, avec une qualité constante. Vous l'aurez compris : c'est exactement la même chose qui différencie un·e photographe amateur·e d'un·e professionnel·le.

Pour conclure, on peut se réjouir de voir que la photographie soit devenue une pratique si populaire et accessible, car ce merveilleux outil qu'est l'appareil photo n'a pas à rester aux mains d'une poignée de nanti·es. Nous l'avons vu, cet engouement populaire ne doit pas être perçu comme une menace pour le métier de photographe, car la démarche – et la nature du travail – est différente. Avant de faire le choix de se professionnaliser, tout·e photographe a d'abord été un·e amateur·e : je pratique la photographie depuis plus de quinze ans, mais j'ai décidé seulement récemment de me professionnaliser. Car au delà d'être passionné, je sais que mon expérience me permet de m'adapter à de nombreuses situations, et de fournir à chaque fois un travail sur-mesure, au résultat constant et à la hauteur des attentes du commanditaire – en somme, un travail professionnel.

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